mercredi 15 septembre 2010

Vieux Jésus, le chef d'une secte qui s'est fait jeter par ses apôtres (Jodi, toute la nuit - tome 2 : la carcasse et les os)

Jodi, toute la nuit
Voir aussi:
http://jodi-book.over-blog.com/

et
http://jodi.over-blog.net/
Tome 2 :
La carcasse et les os
Didier de Lannoy


Vieux Jésus

Dans une économie de marché, on n'aime pas (personne), on baise (tout le monde, par tous les trous et dans toutes les positions) !

Sept chats errants. Trois rats sauvages. Un cobra et un varan. Quelques loosers non marqués. Des détritus en déshérence. Des chiens libres, pitbulls et rottweilers, sourds ou malentendants. Un type qui promène un putois de compagnie et pousse un caddie de supermarché rempli de paquets de bidoche emballés dans des sacs en plastique. Des véhicules de la voirie.

1. Les avant-dernière scènes

Vieux Jésus, boss contesté des New Jacks, pressé de faire preuve d'autorité et de remettre de l'ordre dans son gang, se décide finalement à intervenir et
- Sperme de Dieu !
confie la garde de son scorpion domestiqué, de ses lunettes d'albinos et de sa mygale plaquée or à son premier assistant, le gars Simon et
- On se calme !
laisse tomber sa veste de cuir blanc, enlève sa montre en or et sa gourmette, exhibe ses pectoraux tatoués, se noue les cheveux dans le cou et
- On se calme, les Petits !
s’interpose bruyamment entre Saint Jean (la grande blondasse péteuse) et Saint Judas (la petite roussette sincère). S'ef-
- Arrêtez, nom de Dieu !
force de séparer les combattantes. Eructe des injures. Profère des jurons. Gronde. Fulmine. Blas-
- Arrêtez, espèces de guignols ! Stop ! Stoop ! Stoooop ! Vous voulez bien arrêter vos conneries, nom de Dieu !
phème.Distribue des coups de canne de bois sculpté. Furieusement. Furieusement. Furieusement.

Mais Vieux Jésus n'est plus à son meilleur niveau. Le boss a pris quelques années en plus et une bonne dizaine de kilos en trop. Il ne se conforme pas aux prescriptions de son médecin, n'observe pas de régime rigoureux et ne fait aucun effort sérieux pour rajeunir. Il a des problèmes de dos et souffre du genou gauche. Il ne court plus ses 80 à 100 kilomètres tous les matins, pendant une heure et demi, en descente, dans sa chambre à coucher, sur son home-trainer pour entretenir sa condition physique, brûler ses calories, se raffermir les cuisses et les fessiers. Il ne travaille plus sa musculation et ne fait plus ses 150 pompes par jour depuis longtemps.
Les jambes plus lourdes, l'esquive moins féline, le boss a perdu en puissance et en agilité. Et il commence à sacrément manquer de train, de mordant, de souffle. Et il ne tient plus vraiment la forme. Et il accuse les effets de l'âge et de la fatigue. Et il accumule les erreurs. Et il ne dispose plus des moyens physiques qui lui avaient permis, quelques années plus tôt, d'imposer son leadership à l'ensemble des membres de son gang. Ni de la clairvoyance nécessaire. Et les belligérants pressentent ça, perçoivent ça, reniflent ça . Et se retournent contre leur divin amant. Surpris d'entrée de jeu, brouillon, lent, ne parvenant plus à reprendre l'initiative, Vieux Jésus subit la loi des plus jeunes qui le saisissent à la gorge et
- Eh là, Petits ! Ça va vous coûter cher, nom de Dieu ! Des larmes vont couler !
lui arrachent les cheveux et
- Nom de Dieu de nom de Dieu de meeerde ! Foutre d'enfer et coeur de bite ! Je vous casserai les dents !
lui envoient des coups de chaussures dans les tibias et le flagellent jusqu'au sang et
- Eh là !
le mordent à pleins crocs à
- Eh là ! Eh là ! Eh là ! Eh là !
quarante-trois reprises. Sur tout le corps. Avidement. Cruellement. Voracement. Des passants préviennent les services de secours. Sirènes. Ambulances. Voitures de police. Vieux Jésus est transporté à l'hôpital. En morceaux. Les mains en bouillie. L'épaule démise. La mâchoire décrochée. Les incisives éclatées. Le thorax défoncé. Les côtes fracturées. Une oreille arrachée. Un oeil exorbité. Et le protège-dents cassé, resté en travers de la gorge, bloquant l'arrivée de l'air. Et la canne fêlée. Grognements. Jurons. Crachats.
- Nom de Dieu de nom de Dieu de nom de Dieu de nom de Dieu de nom de bordel de merde ! Coeur de bite ! Foutre d'enfer ! Qui c'est qui m'a foutu une équipe de guignols pareils ?

Vieux Jésus reprend connaissance aux urgences.
- Thank yuh Dad !
Pas rasé. Poisseux. Baveux. Puant. La peau grasse. Le visage tuméfié. Les lèvres tremblantes Derrière un rideau en plastique. Réconforté par la morphine et entouré par l'affection de ses Petits qui
- Merde alors !
déjà se partagent les dépouilles du boss, sa gourmette et sa montre à quartz. Et se disputent les attributs du boss, son chapelet bouddhiste, sa veste de cuir blanc, son scorpion domestiqué, ses lunettes d'albinos et sa mygale plaquée or.
Et la canne du boss.
De bois sculpté.
Fêlée.
- Merde alors, le Maître grogne encore !

Vieux Jésus agrippe le montant métallique de son lit. Hébété. Regard vide. Et lointain. Vieux Jésus s'assied. Avec difficulté. Essaie de défaire les attaches du masque plaqué sur son visage. N'y arrive pas. Essaie de déconnecter les arrivées d'air pressurisé ou d'oxygène. N’y arrive pas. Desserre ses pansements. Arrache les tuyaux des goutte-à-goutte scotchés à son avant-bras.
- Le boss n'est pas tout à fait mort ! Qu'est-ce qu'on va prendre !
Vieux Jésus met les pieds à terre et tente de se tenir droit.
- Sperme de Dieu !
Ne parvient pas à se concentrer. Pas vraiment. Fait quelques pas. Vacille. Chancelle. S'assied sur un banc. Marque un temps d'arrêt. Tousse. Regarde dans tous les sens. N'arrive plus à se situer. Pas vraiment. Tousse. Tousse. Ne reconnaît plus les visages qui l'entourent. Pas vraiment. N'identifie pas les voix. Ne se souvient plus de son nom. Tousse. Tousse. Tousse. Ne se rappelle même plus son prénom. Ne répond à personne. Hésite. Tousse. Tousse. Tousse. Tousse. Grommelle. Cherche à s'orienter. Reprend peu à peu ses esprits. Pas vraiment. Crachote. Retrouve son souffle. Pas vraiment. Tousse. Tousse. Tousse. Tousse. Tousse.
- Faudrait p't-être l'achever !
Vieux Jésus se redresse brusquement. S'empare d'une paire de béquilles déposée contre un mur. Se dirige vaille que vaille vers le couloir. Se déplace en claudiquant. Poursuivi par une infirmière. Puis par tous ses Petits.

Vieux Jésus leur jetant ses béquilles dans les pattes et se mettant à courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir.
- Christ est ressuscité !
Dévalant la rampe d'accès. En robe d'opéré. Cul nu. Pieds nus. Traversant le hall. Heurtant. Bousculant. Renversant. Donnant un coup de tête à un gardien. Défonçant la porte vitrée de l'entrée de l'hôpital. S'enfuyant. Hagard. Claudiquant. Dégageant un chapelet de pets secs. N'arrêtant pas de se retourner. Et de regarder derrière lui. Courant à reculons. Disparaissant au coin de la rue.

2. La toute dernière scène.

Vacarme des véhicules de ramassage à compression de la voirie. Camions-brosses projetant de l'eau sur l'asphalte. Camions-pompes débouchant les égouts et nettoyant les avaloirs.

Un loos. Er git à ter. Re dans son. Sang inca. Pable de se rele.
- C'est toi, Dieu ?
l'interpelle un type qui promène son putois d’appartement...
Ver près d'une ca. Bine. Electri. Que à côté d'une. Bouche d'a.
- Dieu-le-Père ?
Eration du métro. Complè.
- Dieu-le-Fils ?
Tement désar. Ticulé.
- J'suis tellement content d'te r'garder mourir ! C'est un très grand moment d'émotion ! On vit quelque chose de fantastique ensemble ! Tu peux pas savoir c’que je suis heureux !

Marché déprimé. Fléchissement des cours. Titres affaiblis. Perspectives désastreuses. Les pieds nus. La bouche ouverte. Les lèvres tremblantes. Pissant du jus de grenadine par les oreilles.
- Not to be reanimated ! Aucune chance de reprise, raclure !
Ne s'étant jamais donné la peine de scruter, au jour le jour, les pages boursières du Wall Street Journal ou de sa version électronique, wsj.com. Ne possédant pas de bons du Trésor américain. N'ayant jamais appliqué de stratégie d'investissement bien pensée devant lui permettre de traverser sans encombres les tourbillons du marché des valeurs mobilières. N'ayant jamais pensé à privilégier les valeurs de croissance capables d'afficher des résultats en progression quelle que soit l'évolution de la conjoncture. N'ayant jamais effectué de placement juteux dans des produits d'infrastructure et de support à Internet. Ne s'étant jamais assuré de présence significative dans le capital de deux géants des télécommunications en cours de fusion. N'ayant jamais entendu parler de la diversification du risque, de la biotechnologie et de la Nouvelle Economie. N'ayant jamais veillé à équilibrer ses différents placements, tant du point de vue sectoriel que du point de vue géographique. Ayant oublié de suivre l'évolution du cours des actions et d’exercer des options pendant la période prescrite. Ayant négligé d'encaisser des coupons de titres venus à expiration.
- Aucune possibilité de r'dresser la situation, raclure ! se marre le type qui tient en laisse son putois d’appartement.

Allongé sur le. Trottoir face contre. Terre tibia. Et péroné brisés. Net à 90° os. Du. Bassin broyés. Poitrine en. Foncée. Renversé par la bagnole d’un couple de teufeurs amphétaminisés? Tombé de la fenêtre de son appartement ? Descendu à coups de démonte-pneu par un Navy Seals en sortie autorisée ? Ayant reçu sur la gueule un vieux fer à repasser, jeté depuis le cinquième étage d'un immeuble délabré ? Pris pour cible par un tueur embusqué dans une voiture ? Rattrapé et agressé en pleine rue par une bande de prêtres dissidents, armés de battes de base-ball, de barres de fer, de poignards et de croix taillées en pointe ?
- Aucune chance de t'en tirer, raclure !

Crâne frac. Assé or. Eille ar. Rachée. Oeil Ex. Orbité cou. Lées de sang. Noir an. Gles de rup. Ture atroces.
- Il faudra vendre à perte, en vitesse, en catastrophe, avant qu'la situation n'empire, raclure ! insiste le type qui tient en laisse son putois d’appartement.
Ramassé par un camion-fourrière des services de nettoyage social de Gotham City ? Retrouvé dans les locaux du commissariat n°70, au pied de la cage d’escalier, les bras menottés derrière le dos, les chevilles entravées, un bandeau sur les yeux, frappé par un infarctus-balle dans la nuque, s'étant blessé en se jetant contre une armoire-balle, ayant glissé sur un savon-balle dans la salle des douches, terrassé par une appendicite-balle, foudroyé par une hépatite-balle ? Virale ? Instantanée? Ne s’étant pas connecté à Internet. N'ayant jamais effectué de recherches approfondies sur les différents sites d'informations financières. Ne disposant pas d'un accès direct au marché électronique et n'étant pas en mesure d'acquérir les valeurs asiatiques, africaines, européennes, australiennes, sud-américaines, arctiques, antarctiques et galactiques les plus performantes. Ne connaissant pas les codes d'accès aux différents sites qui lui auraient permis de transmettre immédiatement ses ordres de vente et d'achat aux bourses du monde entier.
- Aucune chance de rectifier le tir et d'récupérer ta mise, raclure !
S'enfuyant. Hagard. Claudiquant. N'arrêtant pas de se retourner. Et de regarder derrière lui. Courant à reculons.
Perfuseur arraché. Masque à oxygène encore plaqué sur la gueule. Respiration bruyante et précipitée.

S'enfuyant en. Claudi. Quant du ser. Vice des urg. Ences de l'hôpi. Tal public de Belle. Vue ou de Gramercy Hospital heur. Tant un réver. Bère trébu. Chant sur. Le cou. Vercle d'une pou. Belle glis. Sant sur une merde. De chien ou une pla. Que de fi. Oul s'éta. Lant de to. Ut son lo. Ng se cogn. Ant la nu. Que sur l. A bord. Ure du trot. Toir.
- Aucune chance de survie, raclure! conclut le type qui tient en laisse son putois d’appartement.
Cage. Thoracique. Défoncée. Epaule. Démise. Mâchoire. Décrochée. Côtes. Fracturées. Colonne. Vertébrale. Brisée. Rate. Eclatée. Poumon. Perforé.
- As-tu pensé à remercier ton Père qui est aux Cieux, ta pute de Mère, ton agent de change, ton commissariat de police, le PDG de l'entreprise la plus riche et la plus puissante de la galaxie, raclure ? Leur as-tu exprimé ta gratitude d't'avoir donné la chance de naître, de vivre et de mourir libre dans l'Amérique des gagnants ? Fair and free ?
Mis à. Dégor. Ger régur. Gitant par. La bou. Che une sub. Stance ros. Atre et mous. Seuse.
Couché en chien de fusil, le cul nu, les mains sur les oreilles. Coulant de tous côtés. Se vidant par tous les orifices. Se roulant dans ses excréments, ses crachats, ses vomissures, son sperme, son sang, ses larmes, sa pisse.

Ful Min Ant Vo Ci Fé Rant Blas Phé Mant E Ruc Tant Des In Ju Res Pro Fé Rant Des Ju Rons.
Insultant les charognards, les organisations humanitaires, les livreurs de pizzas, les généreux bienfaiteurs, les experts de la Banque mondiale et du FMI, les missionnaires et les mantes religieuses, les projets de coopération au développement, les radeuses attardées, les philanthropes pédophiles, les défenseurs des droits de l'homme avides de causes valorisantes, les bouseux de Wichita Falls et les banlieusards de Long Beach en virée à Big Apple qui arment leurs caméras et braquent leurs boîtiers, les chiens et les cochons anthropophages, le type qui sort son putois d’appartement et pousse un caddie de supermarché rempli de paquets de bidoche emballés dans des sacs en plastique et de vieux journaux, refermés soigneusement avec du scotch et des élastiques de bureau.
- On ne me touche pas, minable ! On ne touche à rien, nom de Dieu ! On ne photographie personne, nom de Dieu ! Personne ! Personne ! Personne !
- Qu'est-ce qu'on emmène à ton enterrement, raclure ? Qu'est-ce qui t'ferait vraiment plaisir avant qu'on t’passe au four crématoire ou qu'on r’cycle ton cadavre dans un caveau à décomposition rapide ? Un bouquet de violettes des bois, une boîte de pralines fourrées à la liqueur, une caisse de cigares épicés, un bol de riz froid, un gobelet de vin de palme, une bouteille de whisky écossais, un électro-stimulateur musculaire, un bâton d'encens, un pain de sucre marocain, raclure ?
- Dégage, minable ! Dégage ! Dégage ! Casse-toi, nom de Dieu !
- Irrépressible envie de téléphoner à sa maman, raclure ? Ou d'griller une cigarette, d’embaucher une aide-cuisinière, de tirer un dernier coup, d’adopter un chien, d'écrire un best-seller, de laisser une p'tite merde sur le trottoir ?
- Cesse de me regarder mourir, minable ! Emmène ta saloperie de putois de merde et fous le camp de mon cadavre, nom de Dieu !
- Que souhaiterais-tu manger avant qu'on n't'inscrive dans le registre des personnes inconnues décédées sur la voie publique, raclure ? Un hot dog ou un hamburger ? Avec du ketchup ou de la moutarde ? Ou du vinaigre ou du Tabasco ?

Cr.vant comme un cr.paud. S.lement. M.chamment. R.geusement.
- Free at last, squeegee pest ?
Sans longue et pénible maladie supportée avec résignation. Sans message ultime transmis aux générations futures. Sans pensée émue, affection des siens, profonde douleur, immense chagrin, tristesse infinie, regrets éternels, larmes ruisselantes, frissons de plaisir. Sans secours de la Religion, application des Huiles sur le front et les mains, réception de la Sainte Communion. Sans convictions philosophiques. Sans réconfort de la Morphine.
Hideusement. Au milieu de la rue ou sur le bord du trottoir. Dans un courant d'air. A côté d'un avaloir ou d'un soupirail. Parmi les détritus. Sous les flashes et les néons. Sans la plus stricte intimité. Entouré de flics, de travestis, de putes, d'indics et de dealers. Hargneusement. N'ayant pas traversé sa vie, avec une fier courage, en dehors des passages pour piétons. N'ayant pas lutté, avec un courage magnifique, contre les doutes qui l'assaillaient. N'ayant pas réussi à accrocher son existence falote à une étoile scintillante. Haineusement. N'ayant trouvé personne à qui fourguer son âme. N'ayant été l'oreiller de plumes, la chanson boréale, la pomme de Chine, la poignée d'amour, les yeux de velours, le dessert préféré, l'éclat de rire cristallin, le petit nuage rose, le flore intestinale, la potée aux choux, le rayon de lune ou la vieille chemise de personne. N'ayant légué son corps au bénéfice des études et de la recherche médicale de personne. N'ayant tatoué son nom, son prénom, son adresse et son numéro de téléphone sur l'omoplate de personne. Ne restant présent dans le pieux souvenir de personne. Ne laissant aucune blessure dans le coeur de personne.

Hideus.m.nt Hargneus.m.nt Haineus.m.nt
Sans avis dans la presse tenant lieu de faire-part. Sans prières d'adieu dites en noir et blanc dans la salle des cultes. Sans réunion de la famille et des proches au funerarium. Sans levée du corps en présence de l'arrière-grand-oncle et du grand-père, de la grand-mère et de la grand-marraine, des oncles, tantes, cousins, frères, soeurs, demi-frères et demi-soeurs, belles-soeurs et beaux-frères ne parvenant pas à contenir leurs larmes, neveux et nièces entourés de bras protecteurs, disciples, anciens professeurs, sympathisants et proches, collègues et collaborateurs, infirmières et médecins dévoués, voisins directs et curieux, amis du football de trottoir et copains du basket de parking, indicateurs de police et commerçants du quartier. Sans cérémonie poignante, civile ou militaire. Sans ouverture d'un testament mystique. Sans registre à signatures. Sans absoutes et sans bénédiction. Sans crémation. Sans inhumation des cendres au columbarium. Sans témoignages de sympathie. Sans dernier hommage des potes. Sans soirée d'enterrement, sans banquet mortuaire et sans fanfare de l'Armée du Salut. Sans même une radiocassette, tonitruante et mal réglée, déposée sur le cercueil du défunt afin de lui permettre d'entendre une dernière fois ses tubes préférés. Sans pierre tombale à inaugurer aux petits fours, au Coca-Cola et au champagne californien de Caroline du Sud. Sans bouquets de chrysanthèmes à déposer devant un mémorial entouré d'azalées. Sans qu'un seul Dieu, Béni soit Son Nom, daigne accepter Son propre Fils dans Sa Pitié Infinie.
- The hell with him !
- Amen !

H.deus.m.nt H.rgneus.m.nt H..neus.m.nt
Exécrant les arbres factionnaires, sinistres et arrogants, qui ne cessent de monter la garde à l'entrée des champs funéraires. Exécrant et tendant des embuscades et abattant à la carabine, à la mitrailleuse ou au lance-roquettes les p'tits oiseaux qui trouvent à se nicher dans les arbrisseaux. Exécrant et piégeant et prenant au collet les écureuils avec des chapelets de noisettes ou des colliers de pop-corn et piétinant les fleurs en porcelaine et déféquant sur les couronnes en plastique. Haïssant la vie simple à la campagne dans le village des morts. Ne croyant pas non plus que la souffrance acceptée puisse ouvrir les portes de Disney World. Ne quittant pas le monde en pleine sérénité. Ne remettant pas son esprit entre les mains du Führer. Ne s'endormant pas dans la Paix du Seigneur. N'accédant pas à la quiétude de la demeure du Maître. Ne se levant pas avec enthousiasme, ne se déterminant pas à traverser la rue et à retourner à Wonderland. N'entrant pas avec confiance dans la Joie de la Résurrection. Hésitant à rejoindre l'Autre Rive, à passer à l'Orient Eternel, à franchir le Grand Portail. Répugnant à regagner l'Eternité. Ne s'étant pas fait inviter au repas du Dominant Suprême. N'ayant pas réservé de place dans le home des Vieux Serviteurs et des Enfants Déférents. N'ayant décidément aucune confiance en l'accueil que le Grand Mafioso pourrait bien réserver à son fils prodigue. Là-haut. Dans sa paternelle miséricorde.

H.d..s.m.nt H.rgn..s.m.nt H..n..s.m.nt.
En s..ffr.nt.



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Quelques liens permettant de retrouver, dans le roman lui-même, différents personnages qui (malgré les étronçonnages et autres ravalements de façade entrepris en vue de rendre le bouquin "politiquement, économiquement, socialement et culturellement" plus correct) restent intéressants...

1. Little Mary


Cliquez sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-deux-2-3-a-2-5-54150041.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-quatre-de-4-2-a-4-5-54183379.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit---chapitre-six-54183782.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-six-6-1-deuxiemepartie-et-6-2-54183829.html


2. Vieux Jésus


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http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-quatre-de-4-2-a-4-5-54183379.html
ou sur:
http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-sept-54183988.html

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