mercredi 15 septembre 2010

Saint Judas, la petite roussette sincère (Jodi, toute la nuit - tome 2: la carcasse et les os)

Jodi, toute la nuit

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Tome 2 : La carcasse et les os
Didier de Lannoy



Saint Judas

Dans une économie de marché, on n'aime pas (personne), on baise (tout le monde, par tous les trous et dans toutes les positions) !

Taxis de nuit, jaunes avec des reflets oranges, conduits par des bronzés, peu nombreux, guettant les derniers clients à la sortie des boîtes de nuit et des discothèques du quartier. Chapelets, fétiches, médailles, nounours et radios portatives accrochés aux rétroviseurs. Flingues et démonte-pneus cachés sous les fauteuils des conducteurs. Sprays lacrymogènes planqués dans les vide-poches. Ambulances banalisées ramenant à la maison les teufeurs amphétaminisés, pris d'un malaise éthylique ou psychédélique, dont les patrons et les portiers cherchent à se débarrasser discrètement. Ou les ramassant dans la rue et les transférant en clinique ? Ou les abandonnant sur le trottoir, quelques rues plus loin, dans un quartier mal éclairé ? Ou déposant leurs cadavres à la morgue ? Ou les jetant dans l'Hudson ?

Saint Judas, la petite roussette sincère, inquiète et nerveuse, les yeux noircis au khôl, la barbe naissante cachée sous une épaisse couche de fond de teint, ramassant son mouchoir de tête tombé en dessous de la dernière table, dans le back-room d'un club ou d'un sauna. Nuages de fumée s'échappant des fumigènes dissimulés en dessous de fausses plaques d'égout. Ecrans de télévision diffusant des clips pornos. Saint Judas regardant en dessous de la table et surprenant des effleurements, des attouchements, des chuchotements. Saint Judas devenant folle de jalousie, invectivant Saint Jean, la grande blondasse péteuse au charme languide. La pitbull se précipitant sur la rottweiler. Arrachant la barrette plantée dans la lèvre inférieure de l'ignoble. Et les deux boucles en or que la dégueulasse s'était accrochées au lobe de l'oreille droite. Le frappant à la pommette, lui griffant les joues, lui égratignant les paupières et le nez. S'agrippant à la braguette de sa culotte de cuir vert. Tordant les tétines saillantes de ses seins arrondis. La plaquant au sol, lui fessant les miches, lui shootant dans les balloches, lui marchant sur la caboche. L'assommant pour le compte d'un coup de prothèse de jambe volée dans une ONG humanitaire. Lui pissant dans la bouche. La marquant de ses odeurs. Lui crachant sa haine en pleine gueule.
Dérouillée. Dégelée. Rouste. Raclée. Trempe. Peignée. Tatouille. Branlée.
- Salaude ! Traîtresse ! J'm'en doutais bien ! J'vais t’crever la peau !
Poussettes et crocs-en-jambe, Saint Jean se retrouve par terre, la tête et le cou broyés sous les écrase-merde de sa rivale, la gorge serrée par des doigts de fer barbelé, crachant du sang, des dents et un morceau de langue, urinant, éjaculant, jouissant et déféquant sous elle, demandant grâce, suppliant qu'on l'épargne, vomissant les pacsons d'héroïne, les secrets militaires, les informations boursières, les dénonciations calomnieuses, les diamants radioactifs et les lettres d'amours vénéneuses.

Vieux Jésus
, alias Viagra, boss contesté des New Jacks, pressé de faire preuve d'autorité et de remettre de l'ordre dans son gang, se décide finalement à in-
- Sperme de Dieu !
tervenir.Confie la garde de son scorpion domestiqué, de ses lunettes d'albinos et de sa mygale plaquée or à son premier assistant, le gars Simon. Laisse tomber sa veste de cuir blanc, enlève sa montre en or et sa gourmette, exhibe ses pectoraux tatoués, se noue les cheveux dans le cou. S'in-
- On se calme, les Petits !
terpose bruyamment et s’efforce de sé-
- Arrêtez, nom de Dieu !
parer les combattants.
Eructe des injures. Profère des jurons. Gronde. Fulmine. Vocifère. Arrose ses flancs de torrents de bave en fusion. Blas-
- Arrêtez, espèces de guignols ! Stop ! Stoop ! Stoooop ! Vous voulez bien arrêter vos conneries, nom de Dieu !
phème. Distribue des coups de canne de bois sculpté. Furieusement. Furieusement. Furieusement. Furieusement. Furieusement. Furieusement. Mais Vieux Jésus n'est plus à son meilleur niveau. Le boss a pris quelques années en plus et une bonne dizaine de kilos en trop (…)


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Quelques liens permettant de retrouver, dans le roman lui-même, différents personnages qui (malgré les étronçonnages et autres ravalements de façade entrepris en vue de rendre le bouquin "politiquement, économiquement, socialement et culturellement" plus correct) restent intéressants...

1. Little Mary


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2. Vieux Jésus


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Don Cobb et sa maman (Jodi, toute la nuit - tome 2 : la carcasse et les os)

Jodi, toute la nuit
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Tome 2 :
La carcasse et les os
Didier de Lannoy



Don Cobb et sa maman

Dans une économie de marché, on n'aime pas (personne), on baise (tout le monde, par tous les trous et dans toutes les positions) !

- Help ! Help !
Une vieille pute à camionneurs et à dockers traverse un parking en plein air. En hurlant.
- A l'aide ! Ce type est complètement naze ! A l'aide !
Levant les bras en l'air. Eclatant en sanglots. Appelant à la rescousse ses collègues de service.
- Mais faites donc quelque chose ! Ce type est fêlé ! C'est un malade ! Un pervers ! Un maniaque ! Un compulsif sexuel !
Et aucun chrétien n'osant venir à son secours.
- Au secours ! Ce type est un taré ! Un détraqué ! Un dégénéré ! Aidez-moi ! Aidez-moi !
Poursuivie par Don Cobb, une espèce de bulldozer-débardeur au visage de bébé, avec la boule à zéro surmontée d'une crête de coq recouverte d'une épaisse couche de laque. Un invendu du marché de l'amour. Un exclu du commerce du cul. Qui s'est vu pousser une grosse bosse dans le pantalon. Et qui éprouve le besoin de sentir les cuisses d'une femme s'agiter sous sa panse. Et qui se fait passer pour un agent de l'ordre, prétexte une fouille de sécurité.
- Où s’enfuit-on comme ça, ma biche ? Tout’seule ? Tout’pressée ? Tout'stressée ? A des heures pareilles ?
Et harponne la pouffiasse.
- La p'tite dame a perdu son chemin ?
Et l'agrippe par son sac.
- Veux-tu bien arrêter d'crier ? Veux-tu bien m'montrer c'que tu caches dans ta trousse ?
Et d'abord prend plaisir à la terroriser.
- On te tue pour commencer ou tu préfères qu'on t’viole avant ?
Et ensuite, carrément, propose de la faire entrer dans la famille, de l'adopter et même de l'épouser.
- Maman, je bande pour toi ! Je t'aime !
Et lui saute dessus, la plaque au sol, lui enfonce un morceau de journal dans la gorge pour l'empêcher de crier, lui soulève le T-shirt et lui touche la poitrine.
- Je t'aaaime !
Et se veut rassurant.
- N'aie pas peur, maman, tout va bien se passer, j'vais pas t'faire des triplés quand même ! Je suis ton fils unique préféré, non ? Don't be afraid !
Et lui tâte les fesses et lui reproche de porter une culotte.
- C'est pas hygiénique, ça, maman ! Tu vas t'peler la pelouse, quoi ! Et puis ça doit drôlement puer l'renfermé là-dedans !
Lui déclarant son rut, la tirant par les cheveux, l'entraînant derrière un buisson, lui cognant la tête sur le rebord d'une poubelle, la contraignant à s'allonger sur le sol, lui enfonçant un genou dans la poitrine, lui arrachant la serpillière humide qui lui tient lieu de slip, lui reniflant la moquette.
- C'est bien c'que j'disais !
Et lui écartant les cuisses et lui dégageant la raie. Et la grimpant et la forçant. Et l'embrochant et l'enfilant. Et la fourrant et la bourrant. Et lui ordonnant de prendre part à la teuf et lui enjoignant d'avoir un orgasme instantané et lui intimant de le garder jusqu'à la fin. La ramonant, la ramonant, la ramonant, la ramonant, la ramonant.
- Mamaaan , je t'aaaaaime !
La ramonant, la ramonant, la ramonant, la ramonant. La ramonant, la ramonant, la ramonant. La ramonant, la ramonant.
Et se retir
ant brusq
uement.
- Ne crains rien, maman, feel no fear ! Tu t'imagines quand même pas qu'j'vais m'encombrer de p'tits frères ou de p'tites soeurs, quoi ! C'est plus d'mon âge, quand même !
Se retirant. Se dressant sur ses pattes arrière. Prenant son rat en main. Et crachant du jus de scorpion, aigre-doux, fétide, acide, putride, nauséabond, sur le ventre de l'adversaire.
- Greaat ! Greaaaat ! Je m'éclaaaate !
Le visage déformé par le bonheur. Renfilant son pantalon, éructant, se mouchant, lâchant un chapelet de pets secs.
- C'était géant, non ?
Attendant un avis, un commentaire, une appréciation. Regard crispé. Sourire nerveux. Gorge nouée. Mains moites. Jambes flageolantes. Oreilles bourdonnantes. Haleine de chien. .
- Dis-moi, j'étais bien ?
Se dandinant. N'en pouvant plus. Interpellant sa proie
- C'était une belle partie, hein, maman ? C'était dingue, non ? C'était super ? C'était géant ? On devrait pouvoir faire ça plus souvent, non ?
- …
- C'était un beau match quand même, non ? Et tu t'en souviendras longtemps ! Avoue-le donc, maman ! Sois pas gênée, quoi !
- …
- J'avais tout bon, maman ? J'avais tout faux ?
- …
Bouclant sa ceinture, reboutonnant sa braguette, renouant les lacets de ses baskets, se grattant le bras, se passant rapidement un coup de peigne sur le caillou pour se redresser la crête. Qui retombe. Lamentablement. Comme une bite dégonflée.
- Dis-moi quoi, maman ! Sois gentille, quoi ! Fais pas la tête, quoi ! On ne peut quand même pas aimer quelqu'un sans lui déchirer ses fringues, non ?
- ...
- Et puis d'ailleurs, si on y réfléchit bien, je t'aime, qu'est-ce que ça veut dire, maman ? Ça veut dire qu'j'ai envie d'te tringler, non ?
Elle. Toute tremblante. Yeux pétés. Seins crevés. Reins cassés. Dégorgeant. Secouée de tics et de convulsions. Ayant perdu l'usage de la parole. Frappée de synéchie vaginale. Serrant son sac contre sa poitrine dénudée. Evacuant toutes ses eaux. Et lui. Boursouflé. Bombant le torse. Le briquet encore chaud.
- Je me sens reviiiivre !
Plaquant ses lèvres sur la bouche de la putain et lui mordant la langue. Et menaçant, si elle continue à tirer la gueule, de lui coller une beigne. Ou de lui graver une croix gammée sur la peau du bide, au couteau.
- De quoi tu t'plains, maman, tout s'est bien passé, non ? Et tu l'as bien cherché, non ? Et puis t'as joui comme moi, non ? Et t'as pris ton pied aussi, quoi ! Et puis t'es même pas morte !



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Quelques liens permettant de retrouver, dans le roman lui-même, différents personnages qui (malgré les étronçonnages et autres ravalements de façade entrepris en vue de rendre le bouquin "politiquement, économiquement, socialement et culturellement" plus correct) restent intéressants...

1. Little Mary


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2. Vieux Jésus


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Vieux Jésus, le chef d'une secte qui s'est fait jeter par ses apôtres (Jodi, toute la nuit - tome 2 : la carcasse et les os)

Jodi, toute la nuit
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Tome 2 :
La carcasse et les os
Didier de Lannoy


Vieux Jésus

Dans une économie de marché, on n'aime pas (personne), on baise (tout le monde, par tous les trous et dans toutes les positions) !

Sept chats errants. Trois rats sauvages. Un cobra et un varan. Quelques loosers non marqués. Des détritus en déshérence. Des chiens libres, pitbulls et rottweilers, sourds ou malentendants. Un type qui promène un putois de compagnie et pousse un caddie de supermarché rempli de paquets de bidoche emballés dans des sacs en plastique. Des véhicules de la voirie.

1. Les avant-dernière scènes

Vieux Jésus, boss contesté des New Jacks, pressé de faire preuve d'autorité et de remettre de l'ordre dans son gang, se décide finalement à intervenir et
- Sperme de Dieu !
confie la garde de son scorpion domestiqué, de ses lunettes d'albinos et de sa mygale plaquée or à son premier assistant, le gars Simon et
- On se calme !
laisse tomber sa veste de cuir blanc, enlève sa montre en or et sa gourmette, exhibe ses pectoraux tatoués, se noue les cheveux dans le cou et
- On se calme, les Petits !
s’interpose bruyamment entre Saint Jean (la grande blondasse péteuse) et Saint Judas (la petite roussette sincère). S'ef-
- Arrêtez, nom de Dieu !
force de séparer les combattantes. Eructe des injures. Profère des jurons. Gronde. Fulmine. Blas-
- Arrêtez, espèces de guignols ! Stop ! Stoop ! Stoooop ! Vous voulez bien arrêter vos conneries, nom de Dieu !
phème.Distribue des coups de canne de bois sculpté. Furieusement. Furieusement. Furieusement.

Mais Vieux Jésus n'est plus à son meilleur niveau. Le boss a pris quelques années en plus et une bonne dizaine de kilos en trop. Il ne se conforme pas aux prescriptions de son médecin, n'observe pas de régime rigoureux et ne fait aucun effort sérieux pour rajeunir. Il a des problèmes de dos et souffre du genou gauche. Il ne court plus ses 80 à 100 kilomètres tous les matins, pendant une heure et demi, en descente, dans sa chambre à coucher, sur son home-trainer pour entretenir sa condition physique, brûler ses calories, se raffermir les cuisses et les fessiers. Il ne travaille plus sa musculation et ne fait plus ses 150 pompes par jour depuis longtemps.
Les jambes plus lourdes, l'esquive moins féline, le boss a perdu en puissance et en agilité. Et il commence à sacrément manquer de train, de mordant, de souffle. Et il ne tient plus vraiment la forme. Et il accuse les effets de l'âge et de la fatigue. Et il accumule les erreurs. Et il ne dispose plus des moyens physiques qui lui avaient permis, quelques années plus tôt, d'imposer son leadership à l'ensemble des membres de son gang. Ni de la clairvoyance nécessaire. Et les belligérants pressentent ça, perçoivent ça, reniflent ça . Et se retournent contre leur divin amant. Surpris d'entrée de jeu, brouillon, lent, ne parvenant plus à reprendre l'initiative, Vieux Jésus subit la loi des plus jeunes qui le saisissent à la gorge et
- Eh là, Petits ! Ça va vous coûter cher, nom de Dieu ! Des larmes vont couler !
lui arrachent les cheveux et
- Nom de Dieu de nom de Dieu de meeerde ! Foutre d'enfer et coeur de bite ! Je vous casserai les dents !
lui envoient des coups de chaussures dans les tibias et le flagellent jusqu'au sang et
- Eh là !
le mordent à pleins crocs à
- Eh là ! Eh là ! Eh là ! Eh là !
quarante-trois reprises. Sur tout le corps. Avidement. Cruellement. Voracement. Des passants préviennent les services de secours. Sirènes. Ambulances. Voitures de police. Vieux Jésus est transporté à l'hôpital. En morceaux. Les mains en bouillie. L'épaule démise. La mâchoire décrochée. Les incisives éclatées. Le thorax défoncé. Les côtes fracturées. Une oreille arrachée. Un oeil exorbité. Et le protège-dents cassé, resté en travers de la gorge, bloquant l'arrivée de l'air. Et la canne fêlée. Grognements. Jurons. Crachats.
- Nom de Dieu de nom de Dieu de nom de Dieu de nom de Dieu de nom de bordel de merde ! Coeur de bite ! Foutre d'enfer ! Qui c'est qui m'a foutu une équipe de guignols pareils ?

Vieux Jésus reprend connaissance aux urgences.
- Thank yuh Dad !
Pas rasé. Poisseux. Baveux. Puant. La peau grasse. Le visage tuméfié. Les lèvres tremblantes Derrière un rideau en plastique. Réconforté par la morphine et entouré par l'affection de ses Petits qui
- Merde alors !
déjà se partagent les dépouilles du boss, sa gourmette et sa montre à quartz. Et se disputent les attributs du boss, son chapelet bouddhiste, sa veste de cuir blanc, son scorpion domestiqué, ses lunettes d'albinos et sa mygale plaquée or.
Et la canne du boss.
De bois sculpté.
Fêlée.
- Merde alors, le Maître grogne encore !

Vieux Jésus agrippe le montant métallique de son lit. Hébété. Regard vide. Et lointain. Vieux Jésus s'assied. Avec difficulté. Essaie de défaire les attaches du masque plaqué sur son visage. N'y arrive pas. Essaie de déconnecter les arrivées d'air pressurisé ou d'oxygène. N’y arrive pas. Desserre ses pansements. Arrache les tuyaux des goutte-à-goutte scotchés à son avant-bras.
- Le boss n'est pas tout à fait mort ! Qu'est-ce qu'on va prendre !
Vieux Jésus met les pieds à terre et tente de se tenir droit.
- Sperme de Dieu !
Ne parvient pas à se concentrer. Pas vraiment. Fait quelques pas. Vacille. Chancelle. S'assied sur un banc. Marque un temps d'arrêt. Tousse. Regarde dans tous les sens. N'arrive plus à se situer. Pas vraiment. Tousse. Tousse. Ne reconnaît plus les visages qui l'entourent. Pas vraiment. N'identifie pas les voix. Ne se souvient plus de son nom. Tousse. Tousse. Tousse. Ne se rappelle même plus son prénom. Ne répond à personne. Hésite. Tousse. Tousse. Tousse. Tousse. Grommelle. Cherche à s'orienter. Reprend peu à peu ses esprits. Pas vraiment. Crachote. Retrouve son souffle. Pas vraiment. Tousse. Tousse. Tousse. Tousse. Tousse.
- Faudrait p't-être l'achever !
Vieux Jésus se redresse brusquement. S'empare d'une paire de béquilles déposée contre un mur. Se dirige vaille que vaille vers le couloir. Se déplace en claudiquant. Poursuivi par une infirmière. Puis par tous ses Petits.

Vieux Jésus leur jetant ses béquilles dans les pattes et se mettant à courir, courir, courir, courir, courir, courir, courir.
- Christ est ressuscité !
Dévalant la rampe d'accès. En robe d'opéré. Cul nu. Pieds nus. Traversant le hall. Heurtant. Bousculant. Renversant. Donnant un coup de tête à un gardien. Défonçant la porte vitrée de l'entrée de l'hôpital. S'enfuyant. Hagard. Claudiquant. Dégageant un chapelet de pets secs. N'arrêtant pas de se retourner. Et de regarder derrière lui. Courant à reculons. Disparaissant au coin de la rue.

2. La toute dernière scène.

Vacarme des véhicules de ramassage à compression de la voirie. Camions-brosses projetant de l'eau sur l'asphalte. Camions-pompes débouchant les égouts et nettoyant les avaloirs.

Un loos. Er git à ter. Re dans son. Sang inca. Pable de se rele.
- C'est toi, Dieu ?
l'interpelle un type qui promène son putois d’appartement...
Ver près d'une ca. Bine. Electri. Que à côté d'une. Bouche d'a.
- Dieu-le-Père ?
Eration du métro. Complè.
- Dieu-le-Fils ?
Tement désar. Ticulé.
- J'suis tellement content d'te r'garder mourir ! C'est un très grand moment d'émotion ! On vit quelque chose de fantastique ensemble ! Tu peux pas savoir c’que je suis heureux !

Marché déprimé. Fléchissement des cours. Titres affaiblis. Perspectives désastreuses. Les pieds nus. La bouche ouverte. Les lèvres tremblantes. Pissant du jus de grenadine par les oreilles.
- Not to be reanimated ! Aucune chance de reprise, raclure !
Ne s'étant jamais donné la peine de scruter, au jour le jour, les pages boursières du Wall Street Journal ou de sa version électronique, wsj.com. Ne possédant pas de bons du Trésor américain. N'ayant jamais appliqué de stratégie d'investissement bien pensée devant lui permettre de traverser sans encombres les tourbillons du marché des valeurs mobilières. N'ayant jamais pensé à privilégier les valeurs de croissance capables d'afficher des résultats en progression quelle que soit l'évolution de la conjoncture. N'ayant jamais effectué de placement juteux dans des produits d'infrastructure et de support à Internet. Ne s'étant jamais assuré de présence significative dans le capital de deux géants des télécommunications en cours de fusion. N'ayant jamais entendu parler de la diversification du risque, de la biotechnologie et de la Nouvelle Economie. N'ayant jamais veillé à équilibrer ses différents placements, tant du point de vue sectoriel que du point de vue géographique. Ayant oublié de suivre l'évolution du cours des actions et d’exercer des options pendant la période prescrite. Ayant négligé d'encaisser des coupons de titres venus à expiration.
- Aucune possibilité de r'dresser la situation, raclure ! se marre le type qui tient en laisse son putois d’appartement.

Allongé sur le. Trottoir face contre. Terre tibia. Et péroné brisés. Net à 90° os. Du. Bassin broyés. Poitrine en. Foncée. Renversé par la bagnole d’un couple de teufeurs amphétaminisés? Tombé de la fenêtre de son appartement ? Descendu à coups de démonte-pneu par un Navy Seals en sortie autorisée ? Ayant reçu sur la gueule un vieux fer à repasser, jeté depuis le cinquième étage d'un immeuble délabré ? Pris pour cible par un tueur embusqué dans une voiture ? Rattrapé et agressé en pleine rue par une bande de prêtres dissidents, armés de battes de base-ball, de barres de fer, de poignards et de croix taillées en pointe ?
- Aucune chance de t'en tirer, raclure !

Crâne frac. Assé or. Eille ar. Rachée. Oeil Ex. Orbité cou. Lées de sang. Noir an. Gles de rup. Ture atroces.
- Il faudra vendre à perte, en vitesse, en catastrophe, avant qu'la situation n'empire, raclure ! insiste le type qui tient en laisse son putois d’appartement.
Ramassé par un camion-fourrière des services de nettoyage social de Gotham City ? Retrouvé dans les locaux du commissariat n°70, au pied de la cage d’escalier, les bras menottés derrière le dos, les chevilles entravées, un bandeau sur les yeux, frappé par un infarctus-balle dans la nuque, s'étant blessé en se jetant contre une armoire-balle, ayant glissé sur un savon-balle dans la salle des douches, terrassé par une appendicite-balle, foudroyé par une hépatite-balle ? Virale ? Instantanée? Ne s’étant pas connecté à Internet. N'ayant jamais effectué de recherches approfondies sur les différents sites d'informations financières. Ne disposant pas d'un accès direct au marché électronique et n'étant pas en mesure d'acquérir les valeurs asiatiques, africaines, européennes, australiennes, sud-américaines, arctiques, antarctiques et galactiques les plus performantes. Ne connaissant pas les codes d'accès aux différents sites qui lui auraient permis de transmettre immédiatement ses ordres de vente et d'achat aux bourses du monde entier.
- Aucune chance de rectifier le tir et d'récupérer ta mise, raclure !
S'enfuyant. Hagard. Claudiquant. N'arrêtant pas de se retourner. Et de regarder derrière lui. Courant à reculons.
Perfuseur arraché. Masque à oxygène encore plaqué sur la gueule. Respiration bruyante et précipitée.

S'enfuyant en. Claudi. Quant du ser. Vice des urg. Ences de l'hôpi. Tal public de Belle. Vue ou de Gramercy Hospital heur. Tant un réver. Bère trébu. Chant sur. Le cou. Vercle d'une pou. Belle glis. Sant sur une merde. De chien ou une pla. Que de fi. Oul s'éta. Lant de to. Ut son lo. Ng se cogn. Ant la nu. Que sur l. A bord. Ure du trot. Toir.
- Aucune chance de survie, raclure! conclut le type qui tient en laisse son putois d’appartement.
Cage. Thoracique. Défoncée. Epaule. Démise. Mâchoire. Décrochée. Côtes. Fracturées. Colonne. Vertébrale. Brisée. Rate. Eclatée. Poumon. Perforé.
- As-tu pensé à remercier ton Père qui est aux Cieux, ta pute de Mère, ton agent de change, ton commissariat de police, le PDG de l'entreprise la plus riche et la plus puissante de la galaxie, raclure ? Leur as-tu exprimé ta gratitude d't'avoir donné la chance de naître, de vivre et de mourir libre dans l'Amérique des gagnants ? Fair and free ?
Mis à. Dégor. Ger régur. Gitant par. La bou. Che une sub. Stance ros. Atre et mous. Seuse.
Couché en chien de fusil, le cul nu, les mains sur les oreilles. Coulant de tous côtés. Se vidant par tous les orifices. Se roulant dans ses excréments, ses crachats, ses vomissures, son sperme, son sang, ses larmes, sa pisse.

Ful Min Ant Vo Ci Fé Rant Blas Phé Mant E Ruc Tant Des In Ju Res Pro Fé Rant Des Ju Rons.
Insultant les charognards, les organisations humanitaires, les livreurs de pizzas, les généreux bienfaiteurs, les experts de la Banque mondiale et du FMI, les missionnaires et les mantes religieuses, les projets de coopération au développement, les radeuses attardées, les philanthropes pédophiles, les défenseurs des droits de l'homme avides de causes valorisantes, les bouseux de Wichita Falls et les banlieusards de Long Beach en virée à Big Apple qui arment leurs caméras et braquent leurs boîtiers, les chiens et les cochons anthropophages, le type qui sort son putois d’appartement et pousse un caddie de supermarché rempli de paquets de bidoche emballés dans des sacs en plastique et de vieux journaux, refermés soigneusement avec du scotch et des élastiques de bureau.
- On ne me touche pas, minable ! On ne touche à rien, nom de Dieu ! On ne photographie personne, nom de Dieu ! Personne ! Personne ! Personne !
- Qu'est-ce qu'on emmène à ton enterrement, raclure ? Qu'est-ce qui t'ferait vraiment plaisir avant qu'on t’passe au four crématoire ou qu'on r’cycle ton cadavre dans un caveau à décomposition rapide ? Un bouquet de violettes des bois, une boîte de pralines fourrées à la liqueur, une caisse de cigares épicés, un bol de riz froid, un gobelet de vin de palme, une bouteille de whisky écossais, un électro-stimulateur musculaire, un bâton d'encens, un pain de sucre marocain, raclure ?
- Dégage, minable ! Dégage ! Dégage ! Casse-toi, nom de Dieu !
- Irrépressible envie de téléphoner à sa maman, raclure ? Ou d'griller une cigarette, d’embaucher une aide-cuisinière, de tirer un dernier coup, d’adopter un chien, d'écrire un best-seller, de laisser une p'tite merde sur le trottoir ?
- Cesse de me regarder mourir, minable ! Emmène ta saloperie de putois de merde et fous le camp de mon cadavre, nom de Dieu !
- Que souhaiterais-tu manger avant qu'on n't'inscrive dans le registre des personnes inconnues décédées sur la voie publique, raclure ? Un hot dog ou un hamburger ? Avec du ketchup ou de la moutarde ? Ou du vinaigre ou du Tabasco ?

Cr.vant comme un cr.paud. S.lement. M.chamment. R.geusement.
- Free at last, squeegee pest ?
Sans longue et pénible maladie supportée avec résignation. Sans message ultime transmis aux générations futures. Sans pensée émue, affection des siens, profonde douleur, immense chagrin, tristesse infinie, regrets éternels, larmes ruisselantes, frissons de plaisir. Sans secours de la Religion, application des Huiles sur le front et les mains, réception de la Sainte Communion. Sans convictions philosophiques. Sans réconfort de la Morphine.
Hideusement. Au milieu de la rue ou sur le bord du trottoir. Dans un courant d'air. A côté d'un avaloir ou d'un soupirail. Parmi les détritus. Sous les flashes et les néons. Sans la plus stricte intimité. Entouré de flics, de travestis, de putes, d'indics et de dealers. Hargneusement. N'ayant pas traversé sa vie, avec une fier courage, en dehors des passages pour piétons. N'ayant pas lutté, avec un courage magnifique, contre les doutes qui l'assaillaient. N'ayant pas réussi à accrocher son existence falote à une étoile scintillante. Haineusement. N'ayant trouvé personne à qui fourguer son âme. N'ayant été l'oreiller de plumes, la chanson boréale, la pomme de Chine, la poignée d'amour, les yeux de velours, le dessert préféré, l'éclat de rire cristallin, le petit nuage rose, le flore intestinale, la potée aux choux, le rayon de lune ou la vieille chemise de personne. N'ayant légué son corps au bénéfice des études et de la recherche médicale de personne. N'ayant tatoué son nom, son prénom, son adresse et son numéro de téléphone sur l'omoplate de personne. Ne restant présent dans le pieux souvenir de personne. Ne laissant aucune blessure dans le coeur de personne.

Hideus.m.nt Hargneus.m.nt Haineus.m.nt
Sans avis dans la presse tenant lieu de faire-part. Sans prières d'adieu dites en noir et blanc dans la salle des cultes. Sans réunion de la famille et des proches au funerarium. Sans levée du corps en présence de l'arrière-grand-oncle et du grand-père, de la grand-mère et de la grand-marraine, des oncles, tantes, cousins, frères, soeurs, demi-frères et demi-soeurs, belles-soeurs et beaux-frères ne parvenant pas à contenir leurs larmes, neveux et nièces entourés de bras protecteurs, disciples, anciens professeurs, sympathisants et proches, collègues et collaborateurs, infirmières et médecins dévoués, voisins directs et curieux, amis du football de trottoir et copains du basket de parking, indicateurs de police et commerçants du quartier. Sans cérémonie poignante, civile ou militaire. Sans ouverture d'un testament mystique. Sans registre à signatures. Sans absoutes et sans bénédiction. Sans crémation. Sans inhumation des cendres au columbarium. Sans témoignages de sympathie. Sans dernier hommage des potes. Sans soirée d'enterrement, sans banquet mortuaire et sans fanfare de l'Armée du Salut. Sans même une radiocassette, tonitruante et mal réglée, déposée sur le cercueil du défunt afin de lui permettre d'entendre une dernière fois ses tubes préférés. Sans pierre tombale à inaugurer aux petits fours, au Coca-Cola et au champagne californien de Caroline du Sud. Sans bouquets de chrysanthèmes à déposer devant un mémorial entouré d'azalées. Sans qu'un seul Dieu, Béni soit Son Nom, daigne accepter Son propre Fils dans Sa Pitié Infinie.
- The hell with him !
- Amen !

H.deus.m.nt H.rgneus.m.nt H..neus.m.nt
Exécrant les arbres factionnaires, sinistres et arrogants, qui ne cessent de monter la garde à l'entrée des champs funéraires. Exécrant et tendant des embuscades et abattant à la carabine, à la mitrailleuse ou au lance-roquettes les p'tits oiseaux qui trouvent à se nicher dans les arbrisseaux. Exécrant et piégeant et prenant au collet les écureuils avec des chapelets de noisettes ou des colliers de pop-corn et piétinant les fleurs en porcelaine et déféquant sur les couronnes en plastique. Haïssant la vie simple à la campagne dans le village des morts. Ne croyant pas non plus que la souffrance acceptée puisse ouvrir les portes de Disney World. Ne quittant pas le monde en pleine sérénité. Ne remettant pas son esprit entre les mains du Führer. Ne s'endormant pas dans la Paix du Seigneur. N'accédant pas à la quiétude de la demeure du Maître. Ne se levant pas avec enthousiasme, ne se déterminant pas à traverser la rue et à retourner à Wonderland. N'entrant pas avec confiance dans la Joie de la Résurrection. Hésitant à rejoindre l'Autre Rive, à passer à l'Orient Eternel, à franchir le Grand Portail. Répugnant à regagner l'Eternité. Ne s'étant pas fait inviter au repas du Dominant Suprême. N'ayant pas réservé de place dans le home des Vieux Serviteurs et des Enfants Déférents. N'ayant décidément aucune confiance en l'accueil que le Grand Mafioso pourrait bien réserver à son fils prodigue. Là-haut. Dans sa paternelle miséricorde.

H.d..s.m.nt H.rgn..s.m.nt H..n..s.m.nt.
En s..ffr.nt.



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Quelques liens permettant de retrouver, dans le roman lui-même, différents personnages qui (malgré les étronçonnages et autres ravalements de façade entrepris en vue de rendre le bouquin "politiquement, économiquement, socialement et culturellement" plus correct) restent intéressants...

1. Little Mary


Cliquez sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-deux-2-3-a-2-5-54150041.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-quatre-de-4-2-a-4-5-54183379.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit---chapitre-six-54183782.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-six-6-1-deuxiemepartie-et-6-2-54183829.html


2. Vieux Jésus


Cliquez sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-quatre-de-4-2-a-4-5-54183379.html
ou sur:
http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-sept-54183988.html

Mandy et le PDG (Jodi, toute la nuit - tome 2 : la carcasse et les os)

Jodi, toute la nuit
Voir aussi:
http://jodi-book.over-blog.com/

et
http://jodi.over-blog.net/
Tome 2 :
La carcasse et les os
Didier de Lannoy


Mandy et le PDG

Dans une économie de marché, on n'aime pas (personne), on baise (tout le monde, par tous les trous et dans toutes les positions) !

Limousine noire, à six portes, de plus de huit mètres de long, aux vitres fumées, roulant lentement, freinant brusquement, s'arrêtant au milieu de l'avenue, faisant marche arrière. Fenêtre s'abaissant. Chiens de garde demandant leur chemin aux passantes.

Incendie dans un dépôt d'épaves de voitures.

Hululement des sirènes de pompiers

Limousine noire à six portes, de plus de huit mètres de long, aux vitres fumées, roulant lentement, freinant brusquement, s'arrêtant au milieu de l'avenue, faisant marche arrière.Fenêtres s'abaissant. Chiens de garde s'enquérant de l'origine et de l'état de santé du cheptel, demandant à voir les tests HIV, vérifiant les dates, palpant le bassin et la poitrine des postulantes, s'informant de la nature des devoirs, de la qualité des services et du tarif des prestations.

Une petite fille de 26 à 36 ans, toute simple, entre en scène au crépuscule. Mandy.

Animatrice de bars demi-chics et de boîtes sulfureuses de la Fifth Avenue. Meneuse de revue de trottoir à la sortie des théâtres de Broadway. Connue des services de la police sous trois âges, cinq adresses et sept noms différents. Née quelque part entre les Appalaches et les Rocheuses.Les hanches pleines. Les cuisses chaudes et humides. Les lèvres charnues et musculeuses. Le chewing-gum à la menthe en bouche. La trousse de travail sous le bras.

- Hey, sweetheart !

Queue de cheval postiche se mêlant à de vraies mèches de faux cheveux blond platine. Bandeau et barrettes. Lunettes de soleil. Robe fourreau, couleur chair, transparente, ultra collante, au décolleté vertigineux, largement fendue sur la cuisse, zippée à même la peau, recouverte de 6000 petites perles en toc, assemblées à la main.

- What's up, sweety ?

Encore lubrifiée par le sperme d'un dernier patient. Toute imprégnée de ses odeurs amères.

- Whassup ? Do yuh want to marry me, sweety ?

Repérée par les rabatteurs. Présélectionnée. Fouillée par palpation, caressée, tripotée, vérifiée, validée, passée au détecteur de métaux.

Désignée du doigt à un gros ponte, passionné des greens, escorté par cinq ou six chiens de garde en chemise-cravate et costume trois-pièces, qui croit aux vertus aphrodisiaques de la chasse dans les fourrés et de la pêche en eaux troubles. Et qui fait l'effort de quitter sa limousine et de descendre en personne sur le terrain.

- Viens ici, ma soeur en Christ, approche-toi, que j'te cause, que j'te voie de plus près, que j'te mette la main au cul, que j'évalue ta baisabilité !

- Whazzzaaa ? On veut passer un bon moment avec sa p'tite-fille, grandpa ?

Un type très important, un caïd, un PDG, un milliardaire, des couilles en or et pas de M.S.T., tu peux y aller franchement ! glisse-t-on à l'oreille de la putain.

- Viens ici, j'te dis, ma belle !

- On se connaît déjà, grandpa ? On a d'jà fait des trucs ensemble ? A quoi tu ressembles ? A qui tu m'fais penser ? Tu passes parfois à la télé ? T'aurais pas fait la couverture de People ces derniers temps ? On s'est d'jà vu quelque part, grandpa ?

- Viens ici, merde ! Que j'te tringle ! Que j'te couille ! Que j'te feuque !

- D'accord, je viens, j'accours, je me précipite. Mais, dis-moi d'abord à quoi tu ressembles, grandpa. Tu s'rais pas un imitateur vedette de la télévision ? Ou le clone d'un compositeur de musique pornographique ou d'un chanteur de soul music ou d'un patineur sur glace ? Ou un évangéliste, ou un analyste politique, ou un animateur de talk-shows ? Ou le préparateur physique d'une star du championnat de la NBA ? Ou le patron du Club New York ? Et qui sont ces charlots qui te suivent partout ? Qu'est-ce qu'ils me veulent, grandpa ? C'est toute une équipe de joueurs de base-ball, ou quoi ? s'inquiète la petite fille.

- N'aie pas peur, ma belle, ma soeur en Christ, c'est moi seul qui t'appelle, c'est moi seul qui t'adore. Les autres m'accompagnent, ce sont mes p’tits gars à moi. Et on n’est pas du genre à faire tourner les frangines dans le sous-sol d'un immeuble et à les tabasser après les avoir emmanchées. On n'est pas des salauds de communistes. On ne mange pas les petites filles.

Un gros ponte, portant un gilet pare-balles en dessous de sa veste, prétendant chanter plus clair que n'importe quel jeune moineau.

- Un vieux coq de combat qui n’fatigue jamais, salope ! Capable de satisfaire douze fois consécutivement une femelle en chaleur ! Tu n'en trouveras pas deux comme moi dans tout le pays !

Et prétendant avoir le braquemart le plus long. Et le plus dur aussi.

- Sens-moi ça, vicieuse ! Approche ! Tâte ! Suce ! Essaie ! Adore ! Vénère ! Goûte-moi ça et dis-moi c'que t'en penses, salope !

Bip électronique ou signe imperceptible de la main. Chiens de garde soulevant le col de leur veste et chuchotant quelques mots à la poche de leur chemise. Ou à leurs boutons de manchette.

- OK. Ça va. C'est bon. Amenez la bagnole. Il est temps de conclure.

Une limousine noire, blindée, aux vitres fumées, ralentit et se glisse le long du trottoir. Suivie d'une ambulance banalisée.

On embarque le PDG, disposant au sein du groupe, pour des raisons d'étiquette, de bienséance et de sécurité, d'un accès privilégié et quasi exclusif au plaisir sexuel et à la perpétuation de l’espèce.

On embarque Mandy, la fiancée du patron.

On embarque les soldats du patron.

Pelouses de gazon fin des parcs publics municipaux bordées de vieux immeubles, élégants et prestigieux, qu'habitent, dans de luxueux appartements complètement rénovés, sous haute protection policière et sous surveillance médicale constante, les vieilles gloires du show-biz, les sportifs milliardaires, les artistes de la politique, les ténors du racket et les vedettes de la nouvelle économie, les généraux retraités des guerres du Golfe et du Kosovo encadrés 24/24 par une équipe de pédicures et de barbiers, de diététiciennes, de masseurs, d'ostéopathes, de sexologues et de cancérologues, d'évangélistes et de psychothérapeutes, de fund managers, d'astrologues et de cartomanciennes, d'experts en communication, de spécialistes en chirurgie reconstructive et esthétique, de biographes au crâne chauve, de bookmakers, de stockbrokers, de majordomes anglais, de tailleurs japonais confectionnant des chemises sur mesure et d'avocats d'affaires diplômés de Harvard ou de Yale.

Building auquel on accède par un parking en sous-sol pour éviter les rencontres inopportunes.

Caméras. Détecteurs de métaux. Agents de sécurité.

Bâtiment abritant également un restaurant à la mode avec accès pour les moins valides, un bar-club de fitness, un solarium, un sauna, un art-shop et un cabinet médical.

Escalier métallique zigzaguant sur une façade.

Marquise surplombant la porte d'entrée principale.

Luxueux penthouse intime, desservi par un ascenseur privé, avec lecteur de badges, code secret et clé particulière.

Comprenant un salon-bar avec piscine intérieure chauffée et un jardin-patio. Et une chambre à coucher dont les portes coulissantes s'ouvrent sur une immense terrasse. Et une salle de bains blindée avec jacuzzi et robinets plaqués or, 22 carats. Et un sauna, une kitchenette et une salle à manger. Et un bureau ovale et une salle de réunion. Et une salle de projection, une salle de musculation et une chapelle personnelle. Et une salle de relaxation avec un grand aquarium. Et une salle d'armes et une salle de communications. Et trois toilettes.

Et deux studios-dortoirs avec lits superposés pour les p'tits gars.

Chiens de garde placés en faction devant la porte d'entrée du baise-en-ville de leur patron, patrouillant dans les couloirs et les ascenseurs.

Ou s'étalant et se balançant sur des chaises à bascule, un fusil avec lunette de visée en travers des genoux. Enlevant leur veste, retroussant les manches de leur chemise, tirant sur leurs bretelles, tapant la carte, se pétant la gueule, feuilletant des revues de cul, regardant un film d'horreur à la télévision, surveillant les moniteurs de contrôle, se débouchant les oreilles, se grattant le nez, se raclant les narines, se curant les dents, se coupant les ongles des orteils et les poils du nez, se tétant des sucettes, se grillant des clopes, bâillant, grimaçant, somnolant, surfant sur Internet, jouant à Mortal Kombat et à Carmageddon II.

Watchin' the game, havin' a Bud.

Et se faisant copieusement chier.

Bloquant les ascenseurs. Interdisant l'accès des couloirs à toute personne étrangère au service.

- No trepassing !

Lit circulaire au milieu de la chambre d'amour. Avec des prises et des poignées amovibles permettant de prendre appui sur ses membres et de mieux s'arc-bouter. Et des barres pour attacher les bras.

Murs tapissés de velours rose bonbon et de grands miroirs rectangulaires. Crucifix fluorescent accroché au mur au dessus d'un bénitier, rempli d'eau stérilisée, tenant lieu d'humidificateur. Ballon rouge en forme de bite. Tigre en peluche allongé sur la descente de lit en laine angora. Eclairage discret des lampes de chevet.

Un flingue dans le tiroir de la table de nuit. Désarmé.

Une Très Sainte Bible. Enfermée.

Et plusieurs boîtes de médicaments. Largement entamées.

Des comprimés de melatonine. Des gelules de DHEA. De la testostérone. De l'ascorbate de calcium. Des vitamines E. et C. Du sélénium. Du stéarate de magnesium. Du zinc, du silicium et du cuivre. De l'EPO. Des hormones de croissance. Des stéroides anabolisants. Des bêta-stimulants. Des immuno-stimulants. Des anti-dépresseurs. Des fluidifiants sanguins. Des vaso-dilatateurs.

Et un pot belge à base de cocaïne, d'amphétamines, de caféïne, d'héroïne et de corticoïdes.

Et de Viagra.

Ou d'Uprima qui, contrairement au Viagra, ne serait pas contre-indiqué pour les cardiaques.

Le vieux beau prêt à casquer plus cher que tout le monde pour avoir le droit d'être écouté, longtemps, sans être contredit, par sa p'tite fille, en tenue de douche, qui le caresse, le tripote, le triture, le malaxe et l'assouplit, opine du cul et des nichons, le berce, le lange, le masse, le fesse, le branle et fait semblant de le comprendre, lève ses inhibitions, prend l'initiative de la communication, relance constamment le jeu, renvoie la balle au milieu du terrain, donne toujours raison au grandpa qui la paie pour qu'elle lui traie les bourses et lui purge la bile.

- Tu vois c’que j'veux dire, salope ?

- OK, chéri, ça marche ! OK, je saisis ! Tu t'racontes et j't'écoute ! Mais j'te préviens, les séances de sexo-thérapie, la p'tite fille qui doit s’taper les arrreuhhs-arrreuhhs-arrreuhhs du vieux pépé en lui appliquant d’la pommade sur les boules, c'est du spécial, ça n’se trouve pas au 24 hours du Block, faudra qu'je m'investisse. Préparation physique, consommation d'énergie et mobilisation du mental, ça va t'coûter un max, grandpa !

- C'est combien l'accès au site ? A quel prix tu me loues ton ventre et tes oreilles ?

- 200 dollars le quart d'heure, 300 la demi-heure, 500 pour l'heure entière. Service complet !

- Ouh là ! C'est pas donné !

- Sans préservatifs, grandpa ! A cru ! Comme dans l'ancien Testament ! Comme Adam et Eve sur la pelouse du Paradis terrestre au pied de la Maison Blanche ! Sans spray insecticide et sans programme antivirus ! Tout ouïe ! Portes et fenêtres ouvertes ! Bouches d'aération et vide-ordures aussi ! Et, pour le même prix, j'te permets de m'embrasser et de m'toucher les seins ! Et même de me sucer le bonbon, si ça t'dit ! A peine le prix d'une consultation spécialisée chez une psychiatre-sexologue diplômée de l'université, grandpa !

- Tope-là, salope, marché conclu !

La petite fille se dézippant aussitôt. Se retrouvant toute nue. S'apprêtant à monter sur scène.

Mais gardant ses lunettes de soleil sur le nez et sa montre au poignet.

- Tu ne les retires pas ?

- Jamais quand j'travaille, chéri.

Le vieux beau se déshabillant entièrement, déboutonnant sa veste, déscratchant son gilet pare-balles, ouvrant sa chemise et la laissant tomber sur le sol, dévoilant ses seins de graisse poilue, ouvrant sa braguette et s'attaquant à la ceinture du pantalon, exhibant ses bourrelets de viandes mollasses, faisant glisser son alliance et sa chevalière, enlevant sa chaînette en or, retirant ses lentilles de contact et les rangeant dans une petite boîte. Conservant sa prothèse dentaire et son anus artificiel. Se roulant sur le dos, écartant les jambes, lâchant un soupir de satisfaction, tendant les bras. Et questionnant la petite.

- Tu mouilles pour moi, salope ?

- Je dégouline, chéri !

- Suffisamment ?

- Puisque j'te l'dis, chéri ! C'est pas possible comme tu m'excites ! Tu t'rends pas compte, chéri !

- Es-tu sûre d'être bien irriguée ?

- Je fonds, je coule, je jute pour toi ! Qu'est-ce que tu veux d'plus, chéri ? Que j'me graisse les orifices avec de la vaseline ?

- Ouh là !

- Qu'est-ce qu'y t'faut d'plus, chéri ? Dis-moi, quoi ! Que j'produise des preuves devant la Cour ? Que j'exhibe des certificats médicaux, des témoignages de clients satisfaits, la recommandation d'un adjoint au Maire ?

- Ouh là ! Ouh là ! Qu'est-ce qui te prend, salope ? Qui te permet de me parler sur ce ton ?

- OK ! OK ! Mais, dis-moi grandpa, ta limace à toi, elle bave comme il faut ? Est-elle encore pugnace, tenace, vorace ? Est-elle toujours à la hauteur de la réputation que tu veux bien t'attribuer ? Dis-moi !

- Ne sois pas indécente et vulgaire, salope ! Et surtout ne m'énerve pas ! Cesse d'être désobligeante ! Tu vois bien que je ne suis pas circoncis, non ?

- Y a pas d'offense, chéri !

- Je suis un vrai croyant, moi, salope ! Un chrétien avéré ! Un dévot de stricte observance ! Et j'y tiens à mon prépuce !

- Bien sûr, chéri !

- Et que je n'ai pas envie pas de me blesser la peau du gland, moi ! Et c'est entièrement mon droit de fidèle pratiquant, non ?

- Oui, chef !

Le vieux beau n'arrêtant pas de se vanter de ses exploits, etc. S'inquiétant de l'état et du bon fonctionnement de ses organes, etc. Souffrant de tachycardie, d'insuffisances respiratoires, d'un ulcère à l'estomac, d'un taux de cholestérol élevé, d'une enquête pour évasion fiscale et délit d'initié, d'un gonflement de la prostate, d'un cancer du rectum en bonne voie de guérison, d'hypotension, d'accusations de blanchiment d'argent et de collusion avec la maffia, d'une suspicion de conflit d'intérêts, etc.

- Ordures et inepties ! Tissu de mensonges cousu de fil blanc ! Calomnies infâmes ! Basses manoeuvres ! Graves atteintes portées à mon honneur et à ma considération ! Outrage à la vérité ! Insulte à l'intelligence humaine ! Recyclage de vieux matériaux diffamatoires !

- Raconte, chéri ! Raconte !

Se disant traqué par les journalistes de la presse de caniveau et harcelé par un procureur indépendant, etc.

- Vas-y, chéri ! Raconte ! Défoule-toi !

Dénonçant les coups fourrés de ses partenaires, etc.

- Raconte !

Se plaignant des infidélités de sa femme, de la trahison de sa maîtresse et de l'indifférence de sa secrétaire, etc.

- Vas-y ! Raconte ! Continue ! Moi, j'y comprends que dalle à c'que tu jaspines, grandpa, mais ça n'fait rien, j'te soutiens à fond ! Vas-y ! Défonce-toi ! Raconte !

La petite fille écoutant le croyant en chiquant son chewing-gum à la menthe. Enfourchant le vieux couillon aux cuisses ouvertes et au visage épanoui.

- Vas-y, chéri ! Vas-y ! J'te suis ! Raconte-moi !

S'appliquant à s'empaler sur le sexe flexe de son adversaire. L'écoutant et le chevauchant. Se creusant le ventre.

- Vas-y, chéri ! Vas-y ! Braque-moi ! Remplis-moi !

Se tripotant le clitoris. Ecoutant le chrétien et le caressant.

- Vas-y, chéri, je t'écoute ! Yeees ! Entre dans le rythme ! Racooonte ! Vas-y ! Raconte à ta p'tite fille !

Se soulevant, l'écoutant, se laissant descendre en s'appuyant sur les mains, cherchant une bonne prise.

Splendides mamelles lui servant de balancier.

Implants mammaires, éléphantiasis ou poumons gorgés d'eau glaireuse ?

Se renversant. Se relevant. Assurant sa prise.

- Vas-y ! Vas-y !

Maîtrise souple. Hauteur des visions. Fermeté des convictions. Immense fragilité.

- Ouh là !

Se soulevant et se laissant descendre. Mâchonnant furieusement son chewing-gum à la menthe. Faisant siffler son fouet au dessus de la tête du chrétien.

- Vas-y ! Vas-y ! Vas-y !

- Ouh là ! Ouh là !

- Vas-y ! Vas-y ! Yeeees ! Vas-y, chhéérriii ! Yeeeees !

- Ouh là ! Ouh là ! Ouh là !

- Vas-y ! Vas-y, grandpa ! Vass-yy ! Fourre-moi ! Bourre-moi ! Vasss-yyyy !

La salope agitant son cul, écoutant le chrétien, l'approuvant, l'applaudissant, lui assénant des coups de cravache, l'encourageant du geste, le provoquant de la voix. S'efforçant de gonfler et de durcir son enthousiasme. Se faisant lyrique, ardente, pressante.

- Vas-y ! Possède-moi ! Envahis-moi ! Injecte-moi ton liquide ravageur ! Chasse, supplante, disperse, élimine le yoghourt acide des hackers qui t'ont précédé sur le site ! Vass-yy !

- Ouh là ! Ouh là ! Ouh là ! Ouh là !

Etirements. Flexions. Extensions. Combinaisons sonores.

- Ouh là ! Ouh là ! Ouh là !

Vigueur rythmique. Fougue ravageuse. Phrasés acrobatiques.

- Ouh là ! Ouh là ! Ralentis ! Tu m'angoisses ! s'alarme le croyant. Stooop !

- Oui, chef !

La salope s'interrompant aussitôt, réglant la hauteur du siège, coulissant sur les glissières, glissant sur les coulisses, trouvant une position de conduite plus commode et plus confortable pour les deux adversaires, effectuant des mouvements d'avant en arrière.

- Ouh là ! Lentement ! N'appuie pas trop sur ma vessie ! s'insurge le croyant.

La salope clignant de l'oeil et tirant la langue au fils de Dieu et guide éclairé de l'humanité obscure, cloué à un porte-Christ, congestionné, qui bande sec dans sa couche-culotte, gesticule et se contorsionne, manque de se décrocher.

- Tu veux faire un p'tit pipi, grandpa ?

Signes cabalistiques. Prières et bénédictions. Apposition des mains. Aspersions d'eau bénite. Libération des boîtes à odeurs.

La salope se plaquant les mains sur les seins, grimaçant, prenant des poses et s'admirant dans les miroirs fixés au plafond et sur les murs de la chambre.

- Merde alors ! Ça fait longtemps qu'j'ai plus baisé dans un pareil boxon privé !

Se faisant saillir la poitrine et souriant aux caméras de surveillance.

- J’passe à la télé? C'est sur quelle chaîne, grandpa ? C'est diffusé en direct sur Internet ? En couleur ? Avec le son ? J'pourrai avoir des photos pour mon press-book ? Une copie du CD-Rom ou de la cassette vidéo ?

- Stop ! Halte-là ! Arrête ton cirque, crevure ! ordonne le patron qui n'entend pas se laisser déborder par le petit personnel.

Mettant le holà. Donnant des ordres. Faisant preuve d'autorité.

- Ferme ton clapet, roulure ! Cesse de t'intéresser à ta petite personne, pouffiasse ! Arrête de te regarder tout le temps dans la glace, radasse !

- Oui, chef !

- Réduis les temps morts ! Resserre ! Contente-toi de faire le boulot pour lequel on te paie, grosse feignasse de merde ! Occupe-toi de mon nombril !

- Oui, chef !

Véritable professionnelle sachant s'adapter à un contexte changeant, se reprendre illico, redresser la barre, rentrer dans les rangs, se remettre à sa place, rétablir une relation client-fournisseur avec l'adversaire, retrouver la confiance des actionnaires dominants.

- Oui, chef !

Formidable expérience du métier.

- Mais oui, chef, bien sûr ! C'est toi qui raques, chéri, c'est toi qui douilles, c'est toi qui les allonges ! C'était seulement pour dire. C'était juste pour rigoler ! Continue de m'raconter ta vie, j't'écoute. Je suis ta p'tite fille. T'es mon grandpa adoré. Et je ne m'occupe que de toi, chéri. Je t'écoute et tu me baises, grandpa. J't'écoute ! J't'écoute ! J't'écoute ! J't'écoute !

L'écoutant, regardant sa montre et suggérant une pause.

- On s'fait un break, grandpa ?

Consultant à nouveau sa montre

- On y va ?

et décidant de reprendre le boulot.

- Allons-y, grandpa, On r'met ça, la récréation est terminée !

Artiste époustouflante. Energie sexuelle d'exception. Engagement sans failles.

- Salope !

Redoutable présence scénique. Vigueur coruscante. Agilité dans la puissance. Longueur du souffle. Niveau technique inégalé.

- Vass-yy, grandpa ! Investis-moi !

Verve réjouissante ? Goût du show ?

- Vasss-yyyy ! Projette ta semence victorieuse au plus profond des organes génitaux de ta femelle en chaleur !

Cabotinage racoleur ?

- Mais non, grandpa ! Mais non !

Intensité rageuse. Lyrisme exacerbé. Interprétation paroxystique. Grandiloquence histrionique. Mouvements fluides du dos et des bras. Jeux de couleurs. Succions spongieuses. Flux. Reflux. Ensablements. Excavations. Inondations. Mimiques des oreilles et des paupières. Torsions des hanches et des épaules.

- Salope ! Salope !

Plus de virtuosité tactile que de sensualité profonde ?

- Mais non, grandpa, c'est même pas vrai ! Arrête de t'faire des idées ! C'est pour toi qu'je mouilles ! J't'écoute ! Je t'écouuute !

Piaulement des buses en chasse. Mimiques des mâchoires et des babines. Blatèrements des chameaux que l'on éperonne. Renversements de vapeur des locomotives à charbon qui manoeuvrent sur les voies. Bruit des rouleaux venant se briser sur le sable. Remous bouillonnant autour des rochers. Roulements des tambours des machines à laver. Crocodiles déshydratés se ruant à l'intérieur des villages à la recherche de points d'eau.

- Salope ! Salope ! Salope !

Tournoiements vertigineux. Chorégraphies exubérantes. Enchaînements extravagants. Contrastes théâtralisés. Double et demi arrière suivi de double et demi renversé.

- Salope ! Salope ! Salope ! Salope ! Salooope !

Aucun des deux lutteurs n'ayant de doutes sur la justesse de leur combat ?

- Oui ! Ouii ! Oouuiii ! Oouuuiiii !

Grand écart. Salto. Pirouette. Plongée avant. Travelling arrière.

- Sal salsaaa salooooooope !

- T'as versé ?

- N...on

Eclatement d'un pneu. Spectaculaire embardée. Perte de contrôle du véhicule.

Le volant vibre. Les vitesses sautent. Une roue d'un des essieux se désolidarise de son axe et provoque le déraillement de la motrice.

- Ouh là !

Sortie de route. Tonneaux.

- Ouh là ! Ouh là !

La salope en profitant pour changer à nouveau de position, enserrant les jambes du chrétien, s'installant sur lui, à croupetons, en lui tournant le dos, redémarrant, imprimant des mouvements de va-et-vient, puisant dans ses réserves, remettant les gaz, donnant les coups de reins nécessaires, regagnant de la vitesse, lançant un yodl.

- Ouii ! Ouuiii ! Oouuuiiii ! Ooouuuuiiiii !

- Salope ! Salope ! Salope ! Salope ! Salooope ! Saloooooooooooope !

- T'as versé ?

- N...oon

La salope reprenant haleine, étirant ses bras en arrière, enlevant son bandeau, retirant ses barrettes et ses mèches, libérant ses vrais cheveux, déposant son chewing-gum à la menthe dans un cendrier posé sur la table de nuit. Ne se défaisant cependant pas de ses lunettes de soleil et

- Jamais quand j'travaille, grandpa !

regardant sa montre.

Relevant les compteurs et prélevant 200 dollars, directement, dans le portefeuille du client, ouvert et déposé, à cet effet, sur la table de nuit.

- Comme convenu, chef, tu permets ?

- Salope !

- Vas-y, chéri, n'aie pas peur, raconte à ta p'tite fille !

Ecoutant le chrétien, souriant, réglant son siège et modifiant son angle de pénétration, redressant la poitrine. Atteignant le sommet du Ruwenzori.

- Ouh là !

Se préparant à attaquer le Kilimandjaro.

- Ouh là ! Ouh là !

Expressivité maîtrisée. Changement d'allure impromptu. Rupture de ton. Délire raisonné. Drôleries stylistiques. Liberté créatrice. Inventivité cultivée. Mélodies subtiles et recherches sonores originales.

- Oui ! Ouuii ! Ouuiii ! Je t'écoute, grandpa ! Je t'écoute ! Je t'écouuute !

Finesse de l'ouïe. Acuité de l'odorat. Grande maîtrise de l'appareil phonatoire. Timbre tendu et vaillant en dépit d'une certaine fragilité dans l'aigu.

- Ouuii ! Ouuuiiiiii !Ouuuiiiiii ! Ouuuuuiiiiiiiiii !

- Ouh là ! Ouh là ! Ouh là ! Ouuh ouuuh ouuuh làààà !

- T'as versé ?

- N...oooooon

La salope ralentissant le rythme, contractant les muscles de son vagin, faisant le casse-noisette et

- J't'écoute ! Racooonte !

s'asseyant sur les oeufs du croyant.

Hoque. Spouitch. Tant et ca. Spouitch. Lant son mo. Spoutitch. Teur au mi. Spouitch. Lieu du pas. Spoutitch. Sage à niveau. Spouiitch.

Panne de batterie et freins calés.

Spouiiiitch.

- Ouh là, fais gaffe, soeur en Christ, tu va m'les écraser !

- Oui, chef !

La salope libérant aussitôt le souffle des purgeurs et

- Stop, salope ! Stoooop ! Tu vas m'fracturer la verge !

- Tout de suite, chef ! Tout de suite !

pompant sur la pédale de frein à intervalles réguliers pour éviter le blocage des roues et la perte de contrôle du véhicule et

- On coupe le moteur, grandpa ?

débrayant, décélérant et

- On arrête la bagnole et on continue à pied ?

se retirant et se servant

- On s'tape un bourbon, grandpa ?

à boire.

- J'termine le travail ? Je t'achève à la main ?

La salope regardant l'heure, vidant son verre et se remettant à l'ouvrage et donnant quelques coups de langue ravageurs sous les aisselles du patient.

Lui curant le nombril.

- Ça va, grandpa ?

Déposant, avec sa foufounette, un bisou chaud et humide sur la calvitie du chrétien. Le marquant de ses odeurs.

- Ça va mieux, chef ?

Puissantes, corsées, colorées.

L'écoutant en souriant et consultant sa montre.

Lui arrachant, avec les incisives, un poil de sa moustache poivre et sel.

- Ouh là !

Essayant de lui décrocher sa prothèse dentaire d'un vigoureux coup de langue.

- Ouh là, salope !

Branchant son ordinateur, déplaçant la souris sur l'écran, double-cliquant sur les tétons du croyant dont le rythme cardiaque aussitôt s'accélère.

- Ouh là ! Ouh là ! Ouh là !

La salope allumant sa boîte à rires et mettant le volume au maximum.

Empoignant le manche à balai du chrétien. Lui tirant le prépuce vers la base de la verge. Lui dégageant le gland. Lui pressant les éponges. Lui chatouillant les parties sensibles à l’aide d'un petit plumeau.

- Je t'roule un sushi ou tu préfère un tacos, grandpa ?

- Ouh là, salope ! Mais tu fais tout à l'envers ! Tu ne présentes pas les plats dans le bon ordre ! Tu confonds l'apéritif et le dessert ! Tu m'offres le dip après m'avoir servi le steak ? Ce n'est pas conforme aux usages de la profession ! De quelle université sors-tu donc ?

Se disposant à enfourner la bite du croyant et l'invitant à se taire.

- Ferme ton clapet, grandpa, je n’t'entends plus ! J’n'entends plus rien quand j'ai la bouche pleine !

Lui léchant et lui suçant la zigouflette en s'aidant de ses mains, lui shampouinant les burettes à l'aide de ses glandes salivaires, lui croquant et lui mâchant le concombre et les bulbes.

Flairant. Humant. Agitant.

Digitalité confondante. Tempérament ludique. Belles envolées. Notes pures. Points de rupture. Effets Larsen dus à une balance réalisée sur le tard. Excès de réverbération. Echappées folles. Ferveurs indomptables. Feu se déclarant au rez-de-chaussée et se propageant aux étages supérieurs par la cage d'escalier.

Secouant, secouant, secouant, secouant, secouant, caressant la calotte du cortinaire des montagnes, secouant, secouant, secouant, effleurant le gland de l'amanite vireuse et passant la langue sur les volves de l'amanite phalloïde, secouant, secouant, secouant, secouant la bonbonne de crème à raser sans cholestérol et la bouteille de Coca-Cola light.

Violente activité sismique. Explosion de la montagne volcanique. Dow-Jones dépassant la barre des 10.000 points.

- Unbelievable !

Trois fois de suite.

- Incredible !

Secouant, secouant, secouant, secouant, secouant.

Dirigeant adroitement un crachotement de yoghourt maigre et vénéneux, une giclée de liquide détartrant, un mollard de sauce gombo gluante, vers une serviette de bain jaune soleil, proprette et douillette.

Evitant de se faire entarter la gueule. Et de s'amidonner les narines et les cheveux. Ou de souiller les verres de ses lunettes.

- Grandpa a versé ! Ouiiiiiii! Pas trop tôt ! Bravo quand même !

Mandy regardant le PDG reprendre ses esprits. Doutant encore. Faisant mine de lui sourire. Hésitant à le reconnaître.

- Mais oui, bien sûr, suis-je gourde ! se décide-t-elle enfin. J'me disais bien qu'j'avais d'jà vu c'te sale tronche de combinard et d'arrangeur quelque part …

L'observant plus attentivement encore et le reconnaissant avec certitude. Se retenant à grand-peine d'applaudir, de danser, de chanter, de hurler à tue-tête.

- Merde alors ! Chaaaaaaaaance !

Le reconnaissant et lui demandant de se mettre sur le ventre. Enfonçant l'index et le majeur

- Et schtonk dans ton derrière!

brusquement, sans prévenir, d'un seul coup, en touillant, dans le trou de balle du chrétien.

Dow-Jones atteignant un nouveau record à 10.286,61 points.

- Ouh là ? Qu'est-ce qui s’passe ?

- Happy birthday, Mister President !

- Stop ! Pas comme ça, roulure ! Qu'est-ce qui t’prend ? Qui t'a permis ? Ça ne fait pas partie du contrat ! Ote tes doigts de là, pouffiasse !

- Mais t’aimes ça, mon p'tit cochon, avoue-le à ta fifille ! Laisse-toi faire ! Intromission rectale, sonde anale, examen de la prostate ou coloscopie, tous les politiciens aiment ça, non ?

S'asseyant sur les fesses du croyant, l'écoutant et lui massant la nuque et les épaules. Lui soufflant dans les oreilles. Lui faisant un gros suçon dans le cou.

- J’t'écoute, Mister President ! Salope est là, fifille t'écoute !

L'écoutant, regardant sa montre et prélevant à nouveau 200 dollars dans le portefeuille du PDG de l'entreprise la plus riche et la plus puissante de la galaxie.

- J'me sers moi-même, Mister President, c'est mauvais ?

- Ouh là ! Pas d'embrouille !

- N'aie pas peur, Mister President, tout est OK ! C'est inscrit dans l'contrat !

- Cherche pas à m'entuber, crevure !

- De quoi t'as peur, mon p'tit cochon ? J'vais quand même pas t'baiser ! Ce s'rait pas correct après tout c'qu'on vient de faire ensemble, chéri ! Et puis d'ailleurs, qu'est-ce que ça peut bien représenter, pour toi, 200 dollars, Mister President ? Rien du tout par rapport au prix d'un missile de croisière Tomahawk, non ?

- Si tu m'entôles...

- Détends-toi, grandpa ! Laisse-toi aller ! Raconte-toi ! Continue de parler ! Fifille t'écoute !

- Si tu m'entôles, radasse, j'te fais buter par mes p'tits gars ! jouit le PDG une dernière fois.

Et sursaute-t-il et

- Tu t'sens fatigué, Mister President ? Tu veux qu'on fasse encore un break ?

suffoque-t-il et

- Tu veux qu'on s'tape un autre bourbon pour te r'mettre d'aplomb ? Tu veux qu'on arrête là ?

meurt-il sur le champ.

Ou bien, peut-être, fait-il semblant ?

Réflexe de défense d'un vieux chien de chasse épuisé par les exigences sexuelles de l'adversaire et devenu complètement paranoïaque ?

Craignant que le return ne soit proportionnel aux investissements consentis ? Ne supportant pas qu'on lui facture des prestations non fournies ou des services non demandés ? Pensant au renouvellement de son mandat ?

Etat de mort apparente ? Syncope ? Vapeurs ? Défaillance d'une pompe ? Obturation d'une gaine de ventilation ? Narcose ? Surmenage ? Problème de déglutition ? Fissure des cloisons ? Démence vasculaire sous-corticale ? Crise de paludisme ? Manque d'oxygène ? Corrosion des tuyauteries ? Extinction passagère des sens ou arrêt brusque des fonctions vitales ? Insuffisante irrigation du cerveau ? Congestion cérébrale ? Occlusion intestinale ? Epanchement au poumon droit ? Oreilles bouchées au décollage ? Infortune boursière ? Stress professionnel ? Erreur d'arbitrage ? Match truqué ? Impeachment ? Epecstase ou rupture d'anévrisme ? Encéphalite ? Narcolepsie ? Catalepsie ? Cataplexie ? Apoplexie ? Eclampsie ? Dormition ? Simple comédie ?

Une petite fille toute désemparée.

- Happy birthday …

Prenant le pouls du chrétien. Le retournant. Le secouant. Se penchant sur sa poitrine. Essayant d'entendre les battements de son coeur. Ecoutant, hésitant.

Lui plaçant un miroir devant les narines. Lui soufflant dans la bouche. Lui mordillant les oreilles. Lui pinçant les joues. L'aspergeant d'eau bénite …

- Si tu m'fais c'coup-là, mon salaud …

Le giflant et le suppliant. Lui crachant à la gueule. Le rouant de coups de poing.

- Cesse de mourir dans mes bras, quoi, merde !

Le fouettant et lui tordant les couilles. Le poussant dans la descente pour le faire redémarrer.

- Arrête de mettre la pression, grandpa !

En vain.

L'engueulant de ne pas répondre. L'insultant d'être mort.

S'agenouillant au pied du lit. Se prenant la tête dans les mains. Se relevant. Faisant un signe de la croix.

- Bordel !

Eteignant les lampes de chevet. Courant vers la salle de bains. Détournant son visage. S'efforçant d'échapper aux caméras infrarouges de surveillance.

- Bordel de merde !

Ouvrant à fond le robinet de la baignoire et laissant la bonde ouverte. Enlevant ses lunettes de soleil et prenant une douche de décontamination. Se démazoutant rapidement le sexe.

A l'eau chaude. A grands jets. A mains nues.

- Putain d'bordel de merde !

Se désengluant le crin. Enlevant le fioul qui lui colle au pubis.

Visqueux. Caoutchouteux. Malodorant. Irritant pour la peau et les muqueuses. Toxique. Cancérigène.

Se parfumant le sexe à l'eau de Javel. Se bouchonnant les fesses et les mamelles. Se donnant quelques coups de brosse pour démêler ses cheveux. Se passant du gloss à lèvres au goût de piment rouge. Se fardant les joues. Se nettoyant les oreilles avec un coton-tige. S'apostrophant.

- Putain d'bordel de merde ! Tu parles qu'c'est ton jour de chance, pauv'conne !

Revenant dans la chambre à coucher. Manquant se casser la gueule sur le tigre en peluche de la descente de lit. Enfilant sa robe, en vitesse, dans une demi-obscurité. S'appliquant à faire le moins de bruit possible. S’invectivant silencieusement.

- Dans quel merdier tu t'es encore foutue, idiote !

Désemparée. Paniquée.

Pensant tout de même à s'emparer du portefeuille du croyant. Et de son alliance. Et de sa chevalière. Et de sa chaînette en or.

- Au point où t'en es, connasse …

Mais ayant néanmoins des principes et s'interdisant de toucher au flingue, à la Bible, aux médicaments, aux baskets en daim et aux lentilles de contact du chrétien.

Rangeant sommairement la chambre. Rinçant les verres sales. Replaçant les bouteilles de bourbon sur les étagères du bar. Effaçant ses empreintes. Pliant et disposant, avec soin, le gilet pare-balles et les vêtements du PDG sur un canapé. Enfonçant dans le broyeur de la kitchenette la serviette de bain jaune soleil, barbouillée de sperme tiède et poisseux, à l'odeur d'oeuf pourri. Récupérant son bandeau, son fouet, son plumeau, ses mèches et ses barrettes, ses tubes de vaseline et de spermicide. Et ses lunettes de soleil qu'elle avait bien failli oublier sur la tablette du lavabo. Les fourrant dans sa trousse de travail. N'oubliant pas de vider le cendrier. Décollant son chewing-gum à la menthe. Le remettant en bouche. Ramassant un emballage de Chicklets tombé à terre. Dissimulant le corps du croyant sous un drap et un édredon. Le bordant jusqu'aux moustaches. Comme un baby.

Peinant à ouvrir les portes coulissantes qui donnent sur la terrasse. Finissant par y arriver. S'enfuyant par l'escalier de secours. Pieds déchaussés. Trousse sous le bras et souliers à la main.

Glissant sur des fientes de pigeons. S'agrippant. Se cramponnant. Se prenant les jambes dans une corde à sauter, un fil de fer ou un cable tendu sur une plate-forme entre deux étages. Faisant un accroc à sa robe fourreau, couleur chair, transparente, ultra collante, au décolleté vertigineux, largement fendue sur la cuisse, cousue à même la peau, recouverte de 6000 petites perles de pacotille qui subitement se détachent, s'égrènent et s'éparpillent.

Terrorisée.

Trébuchant. S'accrochant d'une main au garde-corps métallique. Perdant à nouveau l'équilibre. Lâchant la rampe. Tombant dans le vide. Atterrissant trois mètres plus bas sur la marquise qui surplombe la porte d'entrée de l'immeuble. Rebondissant sur le trottoir.

Se relevant. Titubant. Livide. Retroussant sa robe jusqu'au haut des cuisses. Courant sur l'asphalte. Boitillant.

Regardant derrière elle. S'arrêtant et dégueulant entre deux voitures en stationnement. Sur les pare-chocs et les garde-boue.

Reprenant sa course. Se retournant. Entendant des bruits sourds, étouffés. Se retenant de hurler. Perdant pied et se noyant. Respirant de plus en plus vite. Cherchant la sortie de secours. Essayant d'appeler à l'aide sur son cellulaire. Essayant de laisser un message sur un répondeur. Essayant. Essayant. Essayant. Essayant.

Renonçant.

Haletante. Sanglotante. Essoufflée. Epuisée. Levant le pouce, agitant les bras dans tous les sens, tentant d'arrêter une voiture. Qui hésite, accélère, la contourne et poursuit son chemin.

Avalant son chewing-gum à la menthe.

Vidée.



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Quelques liens permettant de retrouver, dans le roman lui-même, différents personnages qui (malgré les étronçonnages et autres ravalements de façade entrepris en vue de rendre le bouquin "politiquement, économiquement, socialement et culturellement" plus correct) restent intéressants...

1. Little Mary


Cliquez sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-deux-2-3-a-2-5-54150041.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-quatre-de-4-2-a-4-5-54183379.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit---chapitre-six-54183782.html

et sur:

http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-six-6-1-deuxiemepartie-et-6-2-54183829.html


2. Vieux Jésus


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http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-quatre-de-4-2-a-4-5-54183379.html
ou sur:
http://jodi-book.over-blog.com/article-jodi-toute-la-nuit-chapitre-sept-54183988.html